TEST de Odin Sphere (2ème partie) : petite leçon de game design

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Salut à tous, amis gameuses et gamers!

Après une première partie dédiée à l’aspect artistique pur d’Odin Sphere, je vous propose de nous pencher cette semaine sur le gameplay et le game design de cette petite perle.

Mais trèves de bavardages, rentrons dans le vif du sujet!

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Le jeu est, comme son successeur Muramasa, un croisement entre Action-RPG et Beat’em All en 2D horizontale. Il n’est pas construit comme les RPG classiques en une grande carte à explorer sur laquelle se trouvent des villages et des donjons mais comme une carte statique sur laquelle on choisit le niveau, la zone que l’on veut explorer. Les niveaux sont ensuite générés de manière aléatoire.

Tout cela fait un peu penser à la façon dont est construit The Legend of Zelda – Four Swords sur GBA ou Four Swords Adventure sur Gamecube, pour vous donner une image

Mais où est la sortie?!

Les niveaux en eux mêmes sont constitués par un enchaînement de « sphères », reliées entre elles par des passages.

Expliquer simplement le concept des sphères va être un peu compliqué. En fait, ces « salles » ne sont pas des salles closes, avec un mur au début et un mur à la fin, dans lesquelles on se déplacerait de gauche à droite ou de droite à gauche, sur une ligne finie pour atteindre l’une des deux sorties.

Ici, la ligne est un cercle. C’est à dire que lorsque l’on se déplace dessus, on « tourne en rond » pour ainsi dire. Une fois revenu à notre point de départ, on peut refaire un tour dans un sens ou dans l’autre sans difficulté et ainsi courir indéfiniment.

Pour sortir de ces sphères, il faut emprunter l’une des sorties signalées par un gros point sur la carte de la sphère. Une fois devant cette sortie, il suffit d’appuyer sur la touche « haut » de la croix directionnelle et sur « X » pour sortir et aller à une autre sphère. Je sais, ça peut paraître un peu complexe comme ça, mais le système est tout à fait intuitif lorsque l’on joue.

voici concrètement à quoi ressemble la carte d'un niveau, chaque sphère représentant une arène, les "B" bleus des mini boss et le "B" violet le boss de fin de niveau.
voici concrètement à quoi ressemble la carte d’un niveau. chaque sphère représente une arène, les “B” bleus des mini boss et le “B” violet le boss de fin de niveau.

Alors donc, les niveaux sont constitués d’un enchaînement de sphère, formant une sorte de mini labyrinthe. Le but est d’arriver au boss de fin de niveau, dont la sphère est marquée d’un gros « B » violet. Parfois vous tomberez sur des sphères marquées d’un « B », mais bleu, qui correspondent à des mini boss, à ne surtout pas sous estimer. Point d’énigmes ou de phases de plates formes ici, chaque sphère est en fait une arène qu’il faut nettoyer afin d’avancer.

La voie des armes

À la fin de chaque combat, selon votre temps et les dégâts pris, un rang vous est attribué, conditionnant directement la récompense que vous obtiendrez. Plus celui ci est élevé, plus vous aurez de loot à amasser. Il est donc dans l’intérêt du joueur de faire preuve de skill. Mais même sans parler de récompenses,celui ci devra faire preuve de doigté, tant le titre est difficile. Les ennemis ne vous font aucun cadeau. Rien que ceux de base n’hésiteront pas à vous attaquer en nombre et à se jeter sur vous sans vous demander votre avis.

l'un des nombreux mini boss du jeu. robuste et dangereux. attention aux sbires qui les accompagnent!
l’un des nombreux mini boss du jeu. robuste et dangereux. attention aux sbires qui les accompagnent!

Les mini boss déjà imposants et dangereux tout seuls, seront très souvent épaulés par des sbires, quand ils ne vous attaquent pas carrément à deux ou trois !

Mais ceux qui vous donneront le plus de fil à retordre seront définitivement les boss de fin de niveau. Souvent gigantesques, véritables sacs à PV, vous arrachant le quart de votre vie à chaque coup, tout le contraire de vos héros en fait.

Dans ces conditions, j’aime autant vous dire que le stress est à son comble et ce, dès le mode de difficulté easy. Les combats sont longs et épiques. Chaque assaut réussi arrache au joueur un cri de joie, tandis que chaque coup reçu le plonge dans le désarroi et la panique. Lorsque l’ultime coup est porté, lorsque la victoire vous sourit enfin après tous ces essais infructueux et toutes ces morts punitives, une satisfaction à la limite de l’euphorie monte en vous pour se terminer en un soupir de soulagement et d’aise.

l'un des premiers boss du jeu.
l’un des premiers boss du jeu.

Chaque personnage présente un pool de capacité commun : des attaques de corps à corps qui puiseront directement dans une barre d’endurance (ou de munitions pour Mercedes, qui se bat avec une arbalète), des sorts qui utiliseront un certains nombres de barres de Phozons dont nous reparlerons après, une capacité spéciale propre à chacun et enfin la possibilité d’utiliser des objets de son inventaire.

Reculer pour mieux sauter

Vous le constaterez en jouant, les ressources de votre personnage s’épuisent vite, très vite. Les coups portés et certaines capacités spéciales drainent allègrement votre endurance, vous laissant étourdi et sans défense un bon laps de temps une fois vide. Les sorts, très puissants, consomment en contre partie une grande partie de votre magie et enfin votre inventaire est loin d’être extensible et les ressources matérielles glanées chez les marchands ambulants sont chères et devront donc être utilisées avec parcimonie.

Les ennemis font en général pas mal de dégâts et sont souvent nombreux.

Enfin, et là nous allons toucher à un point noir du jeu, votre personnage fait preuve d’une inertie comme j’en ai rarement vu. Oubliez les combos ultra rapides et souples de Muramasa, là toutes vos actions sont soumises à un certain délai d’exécution, la faute à une animation de chacun de vos mouvements sans frame d’invulnérabilité.

Il faudra donc en permanence anticiper chaque déplacement, l’utilisation de chaque objet ou sort, l’inertie et la portée de chacun de vos coups afin de ne pas vous faire mettre en pièce. Foncer dans le tas sans avoir établi une stratégie minimale relève du suicide assumé.

Et c’est là que la notion de sphère prend toute son importance.

En effet, vous ne serez jamais acculé contre un mur. Il vous sera toujours possible de prendre de la distance vis à vis des ennemis afin de mettre en place votre prochaine action ou bêtement pour souffler un peu. Reculer pour mieux sauter en somme. De même, ceci vous permettra de manipuler dans une certaine limite vos adversaires afin de les regrouper et/ou de les prendre à revers avec un sort Cyclone par exemple.

“J’ai trouvé un bracelet +11! +11 en quoi? heu…”

La construction de votre personnage est quant à elle relativement simpliste. Vous n’aurez qu’une seule arme pour chacun (les fameuses Psyphères) qui montera de niveau en absorbant les Phozons laissés par vos ennemis sur le champ de batailles. Sa montée en niveau conditionnera bien entendu sa puissance, mais également l’apprentissage de vos sorts et le nombre de barre de magie que vous pourrez stocker.

la fiche de votre personnage, un résumé très simple de ses caractéristiques.
la fiche de votre personnage, un résumé très simple de ses caractéristiques.

L’équipement est lui aussi réduit à sa plus simple expression. Exit les multiples pièces d’armures, les innombrables joyaux et diadèmes et autres gantelet de force. Ici, vous ne pourrez équiper qu’un seul objet, qui vous octroiera un seul bonus, comme par exemple l’augmentation de vos PV de X %, l’immunisation contre une altération d’état, etc.

Il faudra choisir avec soin, car cette pièce d’équipement prend un emplacement de votre inventaire et, comme nous allons le voir par la suite, vous ne pouvez pas vous payer le luxe de transporter toute votre garde robe avec vous.

L’inventaire se compose de sacs contenant de 2 à 8 emplacements, votre personnage pouvant porter un maximum de 5 sacs, quelque soit leur contenance. Et ici, hors de question de porter 255 copies d’un item rangé dans une case. Non. Chaque item prend à lui seul un emplacement de votre inventaire. Son accès se fait directement in game en appuyant sur la touche cercle. Le jeu se met en pause et un menu circulaire s’ouvre alors, vous permettant d’utiliser vos objets, une pression sur R1 ou L1 vous permettant de naviguer entre vos sacs.

voici à quoi ressemblera votre inventaire à la fin de la branche d'un personnage.
voici à quoi ressemblera votre inventaire à la fin de la branche scénaristique d’un personnage.

Faites chauffer les casseroles!

L’une des autres grandes originalités de gameplay du jeu, qui sera reprise sous une forme un peu différente dans Muramasa, est la façon dont votre personnage monte de niveau. Ici, les combats ne vous rapporteront aucun point d’expérience. Rien, nada. Pour faire du level up il faut… manger !

Oui, vous avez bien lu, il faut manger. Pour cela, vous récolterez sur le champ de bataille moult graines que vous pourrez ensuite planter. Celles ci absorberont les Phozons alentours jusqu’à en avoir assez pour pousser et donner des fruits… ou d’autres choses. Chaque aliment de base, une fois mangé, restaurera une partie de vos PV et vous octroiera un bonus d’expérience. Tout ceci est proportionnel à l’espèce de plante, les plus riches en expérience et PV étant aussi les plus gourmandes en Phozons.

les graines que vous plantez, en absorbant les phozons laissés par vos ennemis, poussent pour donner des arbres desquels vous obtiendrez de précieux fruits.
les graines que vous plantez, en absorbant les phozons laissés par vos ennemis, poussent pour donner des arbres desquels vous obtiendrez de précieux fruits.

Vous trouverez également tout un tas d’autres ingrédients dans les coffres laissés par vos ennemis ou à vendre chez des marchands, comme le pain, les œufs et certains aliments plus rares, ainsi que des recettes de cuisine. Ces dernières sont d’une importance capitale car elles vous permettront, une fois que vous aurez trouvé les restaurants Pooka, de combiner vos aliments de base en plats bien plus sophistiqués, mais qui surtout feront monter votre expérience en flèche ainsi que le montant total de vos HP.

Là encore, les meilleurs plats seront ceux nécessitant le plus d’ingrédients et souvent les plus rares. Vous voyez donc ici qu’il faudra apporter un soin tout particulier à la gestion de votre inventaire : quel ingrédient vais-je conserver pour la confection de mon plat après le niveau ? Quelle graine vais-je planter, en sachant que les Phozons absorbés par les plantes ne peuvent plus être utilisés pour recharger votre magie et monter le niveau de votre arme ? Quel aliment vais-je garder de côté pour remonter mes PV en cas de coup dur ?

les restaurants Pooka, lieu de passage obligatoire pour vos montées de niveau.
les restaurants Pooka, lieu de passage obligatoire pour vos montées de niveau.

Full Cooking Alchemist

Pour finir, nous allons aborder la dernière grande base de gameplay d’Odin Sphere : l’Alchimie.

Je vous voie d’ici froncer les sourcils, d’un air inquiet. Rassurezvous, c’est très simple.

Expliquée dans un bref tutoriel, l’Alchimie se base sur le mélange de deux ingrédients : la « Matière » et une Mandragore. Le choix de l’une et de l’autre est conditionné, comme pour la cuisine, par des recettes qui vous indiqueront l’espèce de Mandragore nécessaire et le niveau requis pour la Matière.

La Matière prend la forme d’une fiole de potion portant une étiquette indiquant son niveau, allant de 0 à 99 et que vous pourrez récupérer sur vos ennemis ou acheter. Pour monter votre fiole de niveau, rien de plus simple : il suffira de combiner votre Matière à n’importe quel objet de votre sac exceptée une Mandragore pour que celle ci l’absorbe et grimpe de niveau.

Ce niveau se lit par contre d’une manière bien spécifique : le chiffre des dizaines représente la puissance de votre fiole et déterminera la quantité de Phozons libéré lors de la fusion alchimique, le chiffre des unités représente le niveau listé sur la recette. Par exemple, une fiole de niveau 15 vous permettra de créer une potion de niveau 5 et libérera quelques Phozons, tandis qu’une fiole de niveau 62 vous permettra de créer une potion de niveau 2 et libérera une très grande quantité de Phozons.

voici l'une des fameuses fiole de "matière", élément essentiel à la réalisation de vos réactions d'alchimie
voici l’une des fameuses fiole de “matière”, élément essentiel à la réalisation de vos réactions d’alchimie

Les Mandragores quant à elles sont des sortes de racines sur pattes, enfouies dans le sol, que vous pourrez déterrer en sautant dessus lorsque vous entendrez dans les niveaux un petit cri particulier et que vous devrez assommer avant qu’elle ne prenne la fuite. Élément essentiel pour les réactions alchimiques, ce sont aussi les ingrédients de certaines recettes de cuisine.

une des nombreuses espèces de Mandragore. ne vous fiez pas à son air marrant, celle ci n'hésitera pas à vous cramer les fesses pour s'enfuir.
une des nombreuses espèces de Mandragore. ne vous fiez pas à son air marrant, celle ci n’hésitera pas à vous cramer les fesses pour s’enfuir.

Toute cette tambouille vous servira à créer des potions aux effets variés : guérison d’une altération d’état, protection contre le chaud ou le froid, soin, augmentation de votre endurance, bouclier, voire parfois plus agressif avec des bombes de Napalm ou bien des sorts de Blizzard dévastateurs.

Ces potions amènent en général un avantage décisif dans les combats et, comme pour la cuisine, les plus dévastatrices d’entre elles sont également les plus dures à confectionner.

Le mot de la fin !

En alliant Beat’em All 2D et RPG, Vanillaware a fait un pari osé. Réussir à combiné la technicité de l’un et la richesse de l’autre n’était pas une mince affaire et le résultat aurait pu être une véritable catastrophe. Heureusement, le studio nous gratifie d’un gameplay précis, intuitif et d’une grande richesse. En choisissant d’axer le game design sur les combats, Odin Sphere arrive à imposer un rythme soutenu, se mariant parfaitement à la narration et révélant toute la technicité des joutes, sans jamais lasser. Enfin, les systèmes d’alchimie et de cuisine, addictifs au possible finissent de compléter un gameplay déjà ultra solide. Simple? Assurément. Simplite? Absolument pas!

Odin Sphere Odin

Conclusion

Odin Sphere, c’est le mariage entre les contes et légendes de la mythologie Nordique, la tragédie grecque et tout le savoir faire japonais en matière de RPG et de jeu vidéo en général. Le résultat de cette union est un titre unique, une alchimie complexe entre jeu et narration, un mélange subtil entre Beat’em All et Action RPG, servi par une réalisation graphique et sonore sublime. Si ce joyau présente bien quelques défauts, ceux ci n’entachent en rien ni son éclat, ni sa beauté.

Un jeu à jouer absolument !

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