Hier j’ai fini de régler son compte à la pègre de Gotham City dans Batman Arkham Origins sur PS3. Préquelle du superbe Batman Arkham Asylum sorti en 2009 et de sa suite Batman Arkham City sorti en 2011, on est en droit de se demander si la licence a encore de la pertinence à apporter à la fois narrativement – que dire de plus qu’on ne sait déjà ? – que dans son gameplay – ce dernier n’ayant déjà guère évolué entre les deux premiers épisodes – d’autant plus que les développeurs de Rocksteady ont passé la main à ceux de WB Games…
Dans ce nouvel opus, il est question de raconter les débuts du Chevalier Noir face aux barons du crime de Gotham City, de sa rencontre fracassante avec le Joker à ses premiers liens avec le futur commissaire Gordon (ici simple capitaine) en passant par les doutes de son majordome Alfred. L’histoire se déroule pendant la nuit de Noël : Batman apprend que le criminel Black Mask a mis sa tête à prix (50 millions de dollars tout de même !) et que huit assassins sont à ses trousses, des têtes d’affiche comme Deathstroke, Killer Croc, Deadshot ou Bane aux plus méconnus mais non moins redoutables (pour la plupart) Copperhead, Firefly, Shiva ou l’Electrocuteur ! Le justicier qui commence tout juste à se faire un nom part ainsi en croisade pour retrouver Black Mask et mettre fin à ses agissements (et à la prime sur sa tête au passage), mais bien évidemment les choses ne seront pas aussi simples que ça…
Dans l’ensemble, le scénario principal se laisse suivre sans peine et avec plaisir – incluant son lot de twists et de scènes d’action blockbuster – mais sans tomber dans le renversant non plus ; en d’autres termes on passe de (très) bons moments à jouer la nuit très mouvementée du Caped Crusader (mentions spéciales aux confessions du Joker et à la folie destructrice de Firefly) sans jamais crier au génie. Mais il faut bien reconnaître qu’il est bien difficile de (re)construire la mythologie d’un justicier en devenir tel que Batman en conciliant autant de personnages auprès d’un large public, notamment après le travail réalisé par le réalisateur Christopher Nolan et le scénariste David S. Goyer sur grand écran ces dernières années, lequel est encore bien présent dans les mémoires…
Côté gameplay, WB Games n’a pas changé une recette qui marche : le jeu se veut donc un mélange d’infiltration et de beat’em all avec son lot de gadgets habituels (du Batarang au gel explosif). La seule nouveauté se trouve dans la résolution d’enquêtes : le joueur inspecte une scène de crime en se focalisant sur certains éléments vite visibles pour que Batman les analyse et reconstitue les évènements afin de remonter jusqu’au criminel. Mais malgré leur côté très high-tech, ces phases sont tout de même très simples et limitées (au faible nombre de 9 pour tout le jeu, dont bien la moitié est optionnelle) dans l’ensemble…
Par ailleurs, ce n’est pas par l’étendue de sa carte ni de l’intérêt de ses missions annexes que Batman Arkham Origins tire non plus son épingle du jeu. Certes, il est plaisant de pouvoir enfin combattre le crime dans les rues de Gotham City et de faire une pause dans la Batcave de temps à autre mais il n’y a rien de bien distinctif par rapport à ce que l’on pouvait déjà faire dans Arkham City… Aussi peut-on légitimement se demander si le jeu présente réellement un intérêt pour les personnes ayant déjà fait les deux premiers épisodes de la licence ! Surtout qu’on déplorera parfois de violentes chutes de frame rate quand ce n’est carrément pas un bon vieux lag des familles, à-priori générés par l’utilisation du Batwing pour passer rapidement d’un secteur de la ville à un autre sans devoir faire tout le chemin en free-run et autre parkour si chers à d’autres licences à tendance bac à sable comme Assassin’s Creed par exemple.
En fait, le pitch initial promettait des combats à mort entre Batman et les huit assassins (faisant office de bosses) mais une certaine déception est de mise au final car déjà ils ne sont pas tous inclus dans le scénario principal ; on sent d’ailleurs que seuls ceux à combattre dans le déroulement du jeu ont bénéficié d’une attention particulière (quoique la lutte contre Deadshot manque elle aussi cruellement d’originalité, rejoignant celles des assassins « optionnels ») et finalement ce sont ces duels mano a mano qui sortent un peu du lot : Deathstroke, Copperhead, Bane mais surtout l’inattendu Firefly (Killer Croc faisant lui davantage parti du tutoriel du jeu qu’autre chose et l’Electrocuteur n’étant qu’une vaste blague – au moins drôle sur le coup, sans mauvais jeu de mot).
Bref, ce sont encore les missions principales et leurs bosses qui témoignent réellement de la saveur de la licence, chose qu’on avait déjà un peu noyé dans le pourtant excellent Arkham City au profit de tous les à-côtés possibles alors qu’Arkham Asylum se satisfaisait élégamment d’un ensemble bien moins épars car bien moins vaste. Je relève surtout l’infiltration du G.C.P.D. (le commissariat de Gotham City), le désamorçage du pont de la ville, et les passages à la prison de Blackgate qui remontent nettement le niveau global du jeu.
En définitive, Batman Arkham Origins remplit le cahier des charges de la licence imposé par ses prédécesseurs ; ne vous y trompez pas, il s’agit d’un très bon titre qui contentera les fans du Chevalier Noir (enfin surtout ceux d’Arkham City à vrai dire) sans toutefois les ravir, par manque de réelle audace comme d’originalité (par exemple j’aurai aimé voir davantage de vie dans les rues de Gotham City qui est simplement peuplé de criminels et de flics véreux pour trancher avec celles d’Arkham City). Les joueurs plus exigeants quant à eux préfèreront passer leur chemin et espérer de véritables innovations pour les futurs épisodes sur consoles next-gen !
Initialement posté sur le forum le 30/10/13