La PSP est-elle une console rétro ?

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Cette question que votre serviteur s’est posée -non sans un malicieux plaisir- provient de multiples lectures d’avis divers portés sur cette console portable de Sony. Le véritable rétrogamer criera à l’hérésie et à la perte de temps : une console Playstation, fut-elle portable ne pouvant être rétro. Et pourtant, cette idée (bien que formulée de manière souvent imprécise et différente) demeure, invariablement. Sous sa forme la plus simple, elle est l’extrapolation d’une ludothèque pauvre en nouveautés de taille depuis sa mise sur le marché le 1er septembre 2005 en Europe.

Un déséquilibre très vite perçu entre notamment le nombre de portages de jeux PS1 (« à moindre frais »), les portages/remakes de jeux bel et bien rétros sortis sur de vieilles consoles, très vieilles parfois, et les nouveautés propres à la console. Et c’est toute cette frustration qui traduit –sous un aspect délibérément péjoratif, le terme « rétro ». J’ai dû pour me faire mon opinion scruter à la loupe le catalogue de la psp et l’analyse n’est peut-être pas sans surprise…

Deux effets « pernicieux » ne seront que peu développés ici car à priori, ils ne justifient qu’une impression de retro sans véritablement le mériter.

Tout d’abord, de nombreuses nouveautés majeures de la PSP ont pu avoir un effet déstabilisant. Locoroco, Patapon, Lumines, Exit, N+ sont autant de jeux dont le concept globalement minimaliste (mais néanmoins très efficace et salué de la critique) ne suscite pas de prime abord l’émerveillement des gamers.

La console se présentant depuis sa sortie comme une bête de puissance, traduit un engouement certain vers le new-gen, et l’éblouissement technique. Pourtant, pensent de nombreux joueurs, de nombreux succès de la PSP auraient pu sortir il y a 20 ans, tant par leur gameplay old-school que par l’aspect technique à première vue bien simple voire simpliste. Pour autant, cet effet est très difficile à percevoir, puisque ce type de jeux fait une partie de la renommée de la PSP, ils sont par ailleurs souvent beaucoup plus aboutis (techniquement parlant) qu’il n’y paraît (citons à titre d’exemple la remarquable gestion de la déformation des textures dans LocoRoco). Il faut dire que ce parti pris est finalement plébiscité par les joueurs et la mode, plus généralement est au rétro: les jeux à la mode “gros pixels” revient en force. Et ça marche! What did I do to deserve this My lord!? , Cladun: This is an RPG, Half-Minute Hero, Patchwork Heroes, peuvent séduire( tout comme les précédents nommés) non pas malgré, mais grâce à leur design. La psp aura sans doute permis à une génération de jeux, de s’inscrire dans une continuité entre les jeux du passé et la technique moderne. On ne l’attendait pas à ce niveau, mais c’est bien ce qu’elle a démontré, finalement avec mérite.

Le véritable reproche récurrent fait à la psp est de n’être qu’un émulateur –ce au grand dam de Sony qui lutte contre le piratage de sa console depuis le premier jour par des MAJ incessantes de son firmware.

D’ailleurs, et cette fois de manière non officielle, le deuxième effet difficile à appréhender est que justement, la PSP sert dans de très nombreux cas d’émulateur. Grâce aux Custom Firmware mis à disposition sur internet de manière extrêmement simple, un utilisateur lambda peut «cracker » sa PSP pour y faire tourner une ludothèque assez immense. On trouve des émulateurs de très nombreuses consoles et de très nombreux jeux à faire tourner. En effet, la console portable de sony peut faire (grâce à sa puissance hors norme jusque-là) faire tourner la plupart des jeux sortis jusqu’alors (en tout cas tous les jeux estampillés rétro). En gagnant l’intérêt puis le respect d’un grand nombre de joueurs, cet aspect a aussi exaspéré de nombreux autres gamers : d’un côté une ludothèque vertigineuse et des titres à perte de vue, d’un autre côté des nouveautés souvent mollassonnes et la sensation de n’être pas tout à fait sur la même longueur d’onde avec Sony. Ce deuxième aspect n’étant pas réellement propre au dessein de la psp il faut l’écarter.

Et c’est là tout l’enjeu de cet article :

Comment un joueur en vient-il à ne plus être en phase avec Sony et à considérer la psp comme « un dépotoir rétro » dans sa version officielle, et à lui préférer la version « underground » non prévue initialement?

D’abord, (et ça partait certainement d’un bon sentiment –espérons-le) Sony propose un catalogue de portages PS1 plutôt importants. Qu’ils soient disponibles sur le PSN, où carrément réédités, ces portages n’ont vite plus contentés les joueurs.

Bien que ces titres soient souvent de pures pépites, la localisation généralement absente qui les accompagne (cas des RPG notamment) a restreint trop fortement le public visé. Les autres portages sur le PSN n’ont pas non plus servi de faire-valoir à Sony comme la console virtuelle le fait pour Nintendo sur la wii.

Au contraire, au lieu d’offrir quelques lettres de noblesses à Sony et au PSN, cette démarche est souvent perçue comme « cheap » ce qui est l’inverse de l’effet escompté. En effet, si la Wii possède une ludothèque assez imposante hors console virtuelle, force est de constater que les bons jeux sont trop peu nombreux pour une console de ce potentiel. Du coup, l’idée générale est la suivante : « mieux vaut refourguer des jeux ps1 pour pas cher que de produire de nouveaux bons jeux ». A ce propos, la France est plus pénalisée que le Japon voire les USA car on ne compte plus les bons jeux (rpg notamment) jamais sortis sur notre territoire ce qui augmente la frustration.

Voici une petite liste de jeux adaptés de la PS1 en portages direct, ou en remakes :

  • A bug’s life (+N64),
  • Atlantide -L’empire Perdu,
  • Baroque [JAP] (saturn + ps1),
  • Blood Omen – Legacy of Kain,
  • Breath of Fire III,
  • Castlevania : Symphony of the night (+saturn, psn US),
  • Championship Bass,
  • Colony Wars,
  • Command & Conquer – Alerte rouge,
  • Constructor,
  • Cool Boarders 1, 2 et 3,
  • Crash Bandicoot 1, 2 et 3,
  • Critical depth,
  • Destruction Derby (Saturn + PS1),
  • Driver (+GB, Ngage),
  • Dynasty Warriors,
  • Everybody’s Golf,
  • Everybody’s Golf 2,
  • Extreme pinball,
  • FF VII, FF VIII , FF IX, FF Tactics : the war of the lions ,
  • Front Mission 3,
  • Future Cop LAPD,
  • Grandia (+Saturn),
  • Growlanser (jap),
  • Guardian’s Crusade (jap),
  • Guilty Gear, Gunbird (usa + saturn),
  • Hercule,
  • International Track and Field,
  • Jet Rider 1 et 2,
  • King’s Field 1 et 2 (jap),
  • Kurushi et Kurushi Final (jap),
  • La petite Sirène 2,
  • Legend of Mana (US),
  • Lilo & Stich : Ouragan sur Hawaï,
  • Magic Carpet (+Saturn),
  • Medievil Resurrection,
  • Megaman Legends 1&2 (JAP + N64),
  • Metal Gear Solid (+NGC),
  • Monstres et Cie : L’île de l’épouvante,
  • My summer holiday (jap),
  • Oddworld L’odyssée d’abe,
  • Oddworld L’exode d’abe,
  • Parasite Eve 1 et II (JAP),
  • Peter Pan: Aventures au Pays Imaginaire,
  • Popolocrois (mix de deux opus),
  • Peter Pan, aventures au pays imaginaire,
  • Populous: A l’aube de la creation,
  • Rayman 1 et 2 (+Saturn, jaguar),
  • Shin Megami Tensei : Persona,
  • Silent Hill,
  • Spec Ops : Stealth Patrol,
  • Spin Jam,
  • Sports Superbike 2,
  • Streak : Hoverboard Racing,
  • Street Fighter 3 alpha et SFA Warrior’s Dream (+saturn, dreamcast),
  • Street Skater 2,
  • Syphon Filter: Combat Ops et Syphon Filter 2,
  • Tarzan (+n64),
  • Tales of eternia,
  • Threads of Fate (???),
  • Tomb Raider (+Saturn),
  • Tomb Raider – Sur les traces de Lara Croft (+dreamcast),
  • Toy Story 2 (N64, dreamcast), Toy Story Racer,
  • Um Jammer Lammy (jap/US),
  • Vagrant Story,
  • Winnie L’ourson – c’est la récré,
  • WipEout et WipEout 2097,
  • Xenogears (???) .

Puis, délaissant la simple génération PS1 qui après tout n’est pas si rétro que ça, il faut étudier la proportion de vieux jeux portés sur la PSP. Et celle-ci est plutôt importante. Si cela n’a pas grande importance sur une console qui propose un maximum de nouveautés, sur la portable Sony, force est de constater le déséquilibre entre le marketing autour de la console, et la réalité du catalogue. Ainsi, on retrouve sur le support quelques braves nouveautés (surgissant parfois des tréfonds vidéoludiques), jugez par vous-même :

  • Astonishia story ( gp32),
  • Asphalt urban GT (n-gage),
  • Alien syndrome (bornes d’arcade),
  • Battlezone (C64 et Atari ST),
  • Bomberman (NES),
  • Bust-a-move ghost (3DO Neogeo SNES GB Gamegear),
  • California Games (lynx, C64, Atari ST, CPC amiga, etc…),
  • Cannon Fodder (atari st, 3DO, jaguar, etc …),
  • Castlevania : the Dracula X chronicles (turbografx-pc engine et ps1),
  • Centipede (c64, dreamcast, ps1),
  • Crystal Mines (NES),
  • Dungeon Explorer (mega CD),
  • Express Raider (psn US, cpc, c64),
  • Far East of eden (JAP – Saturn),
  • FFI (famicom, ps1, gba),
  • FFII (famicom, ps1, gba),
  • Final Fantasy IV collection (+suite wiiware – JAP),
  • Gensan (= Hammerin’ Harry NES, SNES),
  • Gunpey (wonderswan),
  • Gunship (atari st, cpc, c64, amiga, megadrive,ps1),
  • Hi-Octane (PC),
  • Impossible Mission (cpc, c64, etc…),
  • Lemmings (C64, Linx, CPC, Atari ST, 3DO, Amiga, Master system, megadrive, game gear, gameboy, Nes, SNES),
  • Lunar : Harmony of silver star (saturn, mega cd, gba, ps1),
  • Megaman (NES),
  • Mega Man Powered Up (NES),
  • Mega Man Maverick Hunter X (SNES),
  • Missile Command (c64, ps1, jaguar),
  • Monopoly (Nes, snes, N64, megadriv, gba, ps1),
  • Myst (amiga, 3DO, jaguar, ps1, Saturn),
  • Pinball Dreams (amiga, gp32),
  • Pinball Fantasies (amiga, jaguar, Gameboy, snes, ps1),
  • Burnin’ Rubber (psn US, arcade), Pong (sic! – PS1),
  • Robocod – James Pond II (c64, Atari st, snes, mastersystem, amiga, megadrive, gba, ps1),
  • Sim-City 2000 (amiga, snes, Saturn, n64, ps1),
  • Tactics Ogre : Let Us Cling Together (SNES),
  • Tetris (Gameboy, Nes, Megadrive, Amiga, Atari ST),
  • The Terminator (Mastersystem, megadrive, gamegear),
  • Theme Park (PS1, Saturn, SNES, Megadrive, Mega-CD, Jaguar, 3DO, Amiga),
  • Thexder Neo (NEC)

Après une telle liste, cela devient presque amusant de retrouver (tout comme sur foule d’autres supports) les compilations propres à certains éditeurs. Le genre prête souvent à sourire : « fric facile », « arnaques », sont les qualificatifs que l’on retrouve souvent en commentaires à l’annonce de ces jeux. Sans même rentrer dans le détail de la qualité de ces compilations, cela ne redore pas le blason de la psp, surtout que ces jeux sont souvent disponibles en émulation (illégale certes) sur le même support pour ainsi dire – après crackage de la console. En voici quelques-uns :

Atari Classics Evolved (Atari 2600), Capcom Classics Collection Remixed, Capcom Classics Collection Reloaded, Capcom Puzzle World, Crazy Taxi (1+2 dreamcast), EA Replay 1 et 2, , Gradius Collection , Metal Slug Anthology, Midway arcade treasures : extended play, Namco Museum Battle collection, Parodius Portable.

Il y a peu, Sony et SNK se sont associés pour produire quelques jeux du catalogue Néo-Géo de l’époque de la même manière que les “classics ps1”. Cela s’inscrit dans le même type de démarche et, tout comme pour ces derniers, l’accueil de cette nouvelle n’a pas été mauvais. Même si une fois de plus, la ps1 se place en tant qu’émulateur (de manière officielle cette fois), qui ne serait pas enchanté d’avoir un peu la rolls des consoles dans sa poche? Il est difficile de dire si cela va pouvoir redorer l’image de la ludothèque psp ainsi que du PSN qui devrait perdurer après elle. Mais, si l’argument peut être de poids pour les gamers à la fibre nostalgique, il n’est pas sûr que cette nouvelle stratégie soit mieux considérée que de la simple édition à bas coûts (sur un support virtuel qui plus est). On retrouve néanmoins quelques titres qui rappelleront sans doutes de bons souvenirs à certains amateurs de baston ou de beat-em all:

Alpha Mission II, Art of fighting (+snes, megadrive), Baseball stars profesionnals (pas encore sorti), Fatal Fury(pas encore sorti – snes, megadrive), League Bowling (pas encore sorti), Magician Lord (pas encore sorti), Metal Slug (+saturn, ps1), Samurai Shodown (snes, megadrive, 3DO, gamegear), The King of Fighters ’94.

Il faut reconnaître que l’effet peut être un peu dommageable pour Sony, lorsqu’il se produit sur un petit nouveau d’une plus ancienne série. Un nom prestigieux affublé d’un nouveau qualificatif, et l’ on s’y trompe facilement lorsqu’on n’est pas connaisseur. L’impression de déjà-vu n’est jamais loin et ces jeux ne sont pas perçus comme réellement innovants.

Ce n’est pas leur présence en tant que telle qui déçoit mais c’est le bien cumul de tous les jeux précédemment cités (et cela représente une part non négligeable de la ludothèque psp) qui peut susciter la déception. Et cela rejaillit un peu sur ces nouveaux jeux au patronyme prestigieux. Pour une machine qu’on annonce sur le papier révolutionnaire, l’éblouissement tarderait à venir. Cette impression ne reflète pas vraiment la réalité car ils sont souvent novateurs, démontrant que la puissance de la machine n’est pas que potentielle. En voici une petite liste, jugez par vous-même que pour plusieurs d’entre eux, on est très loin de la “ps1-portable” et qu’ils véhiculent une véritable identité illustrant parfaitement les performances de la psp :

Ace Combat X : skies of deception, Ape Quest, Astérix et obélix xxl, Bomberman Land, Boulder Dash Rocks, Bubble Bobble Evolution, Crash (Génération Mutants + tag team racing, entre autres), Crisis Core : FF VII, Burnout dominator, Daxter, Dave Mirra BMX challenge, Driver 76, Duke Nukem Trilogy (à venir), F1 20097, Fifa 2006-2011, Frogger : Helmet Chaos, Guilty Gear Judgment, Macross Ace frontier et Ultimate frontier, Mortal Kombat Unchained, Outrun 2006 : coast 2 coast, Pacman Rally, Pacman World 3, Phantasy Star Portable 1&2, Ratchet & clank la taille ça compte, Ys Seven.

Il faut pourtant nuancer ces états de fait.

Rien n’est juste sans parti-pris en réalité. En soi, les qualités ludiques et techniques de la console ne sont pas remises en question. De nombreux jeux sortis sur ce support éblouissent, et beaucoup apportent aux connaisseurs de consoles portables des sensations qu’ils ne pensaient pas forcément pouvoir connaître en approchant pour certains jeux les sensations de consoles de salon (et pas simplement des anciennes ps1 et ps2). Le fait est que chacun après tout peut y trouver son compte.

Parfois même, les avis des joueurs sont à double-tranchant : quand une adaptation ne vient pas malgré des premières annonces alléchantes (que ce soit simplement hors du japon, ou carrément l’annulation pure et simple du développement) les protestations peuvent être encore plus véhémentes. Pour ne citer qu’un exemple, l’adaptation tant attendue de Suikoden I&II (où comment se procurer deux softs indispensables à tout amateur de rpg à un prix raisonnable) fut une vive déception. Ainsi, les joueurs savent se montrer cruels dans les deux cas.

Bien sûr, au panthéon des portables, la psp ferait sans doute pâle figure face à l’indétrônable GameBoy (ou pour ceux du fond qui protestent la wonderswan peu importe). Mais la psp propose une expérience différente selon les goûts de chacun. Peut-être pas suffisante mais cette console en fin de vie – bientôt has-been elle aussi – se redécouvrira peut-être une nouvelle jeunesse. Alors quid de la PSP ? Bête de course à bout de souffle dans le tourbillon de la mode revival, meilleur émulateur portable sur le marché, ou véritable bijou technologique à se procurer d’urgence ? C’est bien à vous de le trouver. Moi, j’ai déjà ma petite idée.

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