Hier j’ai fini Mario & Luigi : Voyage au centre de Bowser sur DS, troisième épisode de la licence mi-plate-forme mi-RPG sur consoles portables de Nintendo. Suite à l’excellent Les Frères du Temps / Partners in Time (également sur DS) qui avait consolidé le gameplay de Superstar Saga sur GBA, je me demandais comment les développeurs d’Alpha Dream allaient rebondir pour qu’un nouvel épisode ne soit pas redondant, tout en respectant les codes et l’humour de la licence…
L’astuce se trouve au cœur même du titre : les frères plombiers vont passer la majeure partie de l’aventure dans le corps de leur ennemi juré ! En effet, au début du jeu, Bowser vient interrompre une réunion de la plus haute importance au château de la princesse Peach (les Toads sont victimes de la Rouleboulite, une maladie étrange les faisant grossir énormément) et aspire tous les personnages présents : Mario, Luigi, Peach, Papy Champi et plusieurs autres Toads. Les premiers pas dans le jeu font la part belle aux conséquences de cette absorption, les frangins italiens cherchant à retrouver leurs amis avant de trouver le moyen de s’échapper du corps du roi des Koopas… Mais les situations – souvent drôles – amèneront le duo à aider leur hôte (et vice-versa) pour pouvoir avancer dans leurs quêtes respectives…
Car il ne faudrait pas oublier que ce n’est pas Bowser qui est à l’origine des problèmes dans la série Mario & Luigi. L’instigateur de tout ceci n’est autre que Gracowitz, valet de la maléfique reine du royaume Végésia dans Superstar Saga et simple vendeur de badges fomentant sa vengeance dans Les Frères du Temps / Partners in Time !! J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié cette référence aux précédents épisodes (et il y en a d’autres…) permettant à la licence de se forger toujours davantage sa propre mythologie au sein même de l’univers de Mario au sens large – là où Paper Mario se contente plus volontiers de jouer (avec brio !) sur de l’existant – tout en pouvant être joué et compris sans souci pour un joueur découvrant la série.
Ainsi, si d’habitude Bowser n’est qu’un simple PNJ fauteur de troubles et de situations loufoques sinon un ennemi de plus à battre, il est ici bel et bien jouable car il a des comptes à régler avec Gracowitz lui aussi, et c’est bien là toute la fraîcheur qu’apporte cet opus ! Quel plaisir de pouvoir contrôler (dans la durée) ce puissant personnage, à la fois cracheur de feu et donneur de coup de poings ! Plus tard dans le jeu, d’autres capacités seront débloquées lui permettant de se servir de sa carapace pour écraser ce qui se trouve en dessous de lui et rouler comme une boule de flipper… Tout un programme ! La seule chose qu’il ne saura pas faire – alors que c’est la capacité de base des frères Mario – c’est sauter, mais c’est un handicap finalement salutaire pour encore mieux le différencier de ses traditionnels adversaires. L’autre bonne idée de gameplay, qui découle de la situation initiale dans laquelle se trouvent Mario et Luigi, est le fait de proposer régulièrement des combats débutant avec Bowser, et se poursuivant (ou se finissant selon le cas) à l’intérieur du corps de celui-ci avec les frangins plombiers ! On doit ainsi alterner les phases de jeu entre monde intérieur et extérieur, ce qui arrive dans l’un ayant des conséquences dans l’autre…
En outre, alors que Les Frères du Temps / Partners in Time n’en faisait que le minimum syndical en utilisant le double écran de la console, Voyage au centre de Bowser tire davantage parti des capacités de la DS quant à lui. En effet, le soft oblige souvent le joueur à souffler dans le micro, mais encore plus souvent à se servir du stylet, et pas uniquement pour certaines attaques spéciales ; à plusieurs moments dans le jeu, Bowser se transforme en géant pour affronter un adversaire de la même taille, tel Goldorak contre un Golgoth ! On doit alors mettre la console à la verticale (écran tactile à gauche, à la manière d’un livre) pour combattre à l’aide du stylet. Et c’est là encore que cet opus se démarque encore plus nettement de ses aînés : en offrant un gameplay alternatif, à la fois inédit à la licence et propre à la console !
Côté difficulté et durée de vie, on se retrouve dans la même veine qu’auparavant : il m’a fallu 25h pour en voir le bout au niveau 34. La différence majeure à mes yeux vient du boss de fin ; si dans Superstar Saga je l’avais trouvé vraiment ardu et dans Les Frères du Temps / Partners in Time il est était surtout long, ici il est beaucoup plus raisonnable à battre (tout en gardant son statut de boss ultime). Mais il faut dire aussi que pour y parvenir sans pester sur ma console j’ai récupéré des attaques spéciales très efficaces (la furie du Blocdogue pour Bowser et la météorite mystérieuse pour Mario et Luigi) et me suis entraîné à perfectionner leur utilisation bien avant d’arriver à la fin du titre…
En conclusion, Mario & Luigi : Voyage au centre de Bowser est un jeu à ne clairement pas rater ; évitant de tomber dans l’écueil de l’épisode n’apportant pas grand-chose de neuf à une licence (ce qu’on pouvait un peu reprocher à son prédécesseur malgré ses qualités ludiques évidentes), il réussit bien au contraire à renouveler son histoire et son gameplay tout en respectant les codes instaurés dans le soft fondateur sur GBA ; un tour de force que beaucoup d’autres séries devraient tenter d’imiter ! En résulte donc un jeu vraiment savoureux à l’identité propre qui vaut réellement son pesant de cacahuètes, rien que pour le plaisir de pouvoir incarner ce bon vieux Bowser, véritable révélation du titre reléguant presque Mario et Luigi en simples guest-stars ou même faire-valoir ; c’est assurément une victoire que le roi des Koopas n’aura pour une fois pas volée !
Initialement posté sur le forum le 23/10/13