L’odyssée d’Abe, le périple fastidieux d’un esclave

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L‘odyssée d’Abe est un “classique” de l’ère PS1. Sorti en Septembre 1997, premier volet de cinq épisodes, il a marqué bon nombre de joueurs. Il faut dire que nous avons été biberonné à longueur d’interviews et d’articles dans la presse vidéoludique de l’époque, à grand coup de teasing par les fondateurs du Studio Oddworld Inhabitants Sherry McKenna et Lorne Lanning.

J’avoue être passé totalement à coté de ce jeu, jusqu’à Noël dernier ou ma chère et tendre épouse m’offrit des jeux rétro notamment l’odyssée d’Abe. Ce fut donc l’occasion de le découvrir avec le recul d’aujourd’hui.

Salut !

Dans ce premier volume, nous incarnons Abe, un esclave de la race des Mudokon travaillant à RuptureFarms, un abattoir sur Oddworld. Lors de son travail de nettoyage, il se rends compte que les différentes races sont décimées et découvre que les prochains à finir en viande seront ses congénères, les Mudokons. Face à cette découverte, il décide de s’enfuir de cette usine et en profiter pour sauver ses semblables.

C’est dans cette fuite perpétuelle que notre héros sera amené à voyager dans deux mondes. D’une part, il se déplacera dans l’univers désertique des Scrabs, Scarbania. D’autre part, Paramonia : un univers plus verdoyant peuplé de paramites, une autre espèce décimée par les employeurs d’Abe. Notre mudokon préféré devra venir à bout des temples présents dans ces deux mondes pour revenir sur les lieux du crime à savoir rupture farms.


Suis-moi !

Tout d’abord, il convient de noter qu’il s’agit d’une nouvelle licence. Le premier point marquant tant à l’époque qu’aujourd’hui est la qualité des cinématiques. Elles sont nombreuses et permettent de se familiariser avec l’univers gravitant autour des mudokons. Certaines cinématiques viendront même se greffer aux graphismes à la manière d’une transition et ce, sans chargement ce qui accentuera le coté immersif. Parfois, ces animations s’intègrent de manière assez complexes dans la trame de fond un peu à la manière d’un gif mais dont le rendu se révèle souvent pixelisé.

Comme vous pourrez le constater sur les images suivantes, l’odyssée d’Abe est un platformer 2D avec des personnages en 3D. Ces graphismes, certes sympathiques et détaillés, sont dans leurs globalités assez ternes et baveux. On pourra regretter une qualité des fonds inférieure à celle d’un Heart of darkness par exemple avec souvent, une sensation de couleurs baveuses ou de textures non nettes. Cela est encore plus marquant sur les niveaux assez sombres.

Concernant notre héros, les ennemis ainsi que les différents protagonistes rencontrés, ils apparaissent de manière digitalisés un peu à la manière d’un Mortal Kombat. Certes, les animations sont fluides mais les textures baveuses se font fortement ressentir.A noter également que le bestiaire rencontré restera peu varié ce qui accentuera d’autant plus cette sensation de répétition. Toutefois, la majorité des joueurs se satisfera pleinement de ce monde totalement nouveau avec une localisation totale en français y compris dans les graphismes.

Grrr

Passons au gameplay, point “novateur” du soft pour son époque. Les plus anciens pourront y voir des similitudes avec la serie des Lost viking. En effet, Abe a la faculté de communiquer tant avec ses semblables qu’avec les différents protagonistes rencontrés. Ainsi, vous aurez la faculté de communiquer des ordres afin que votre binôme interagisse à vos injonctions ce qui était réellement nouveau à cette époque en matière d’intelligence artificielle.

Notre cher mudokon pourra également bénéficier de pouvoir de télékinésie afin de prendre possession des âmes de certains de ses ennemis. Cela permettra notamment de prendre l’avantage sur une situation parfois mal embarquée. Et des situations, Abe sera amené à y etre confronté. Il lui faudra courir, rouler en boule, marcher discrètement afin de se défaire soit de pièges mortels (mines, broyeurs,etc…) ou ennemis.

Toutefois, ce qui peut s’avérer être de bonnes idées devient vite répétitif. Notre protagoniste ayant la fâcheuse à rabâcher les mêmes ordres pour les mêmes situations mais dans des endroits différents et ce, à la condition que l’intelligence artificielle fonctionne car oui, de nombreux bugs viendront entacher votre apprentissage.

Comme vous le noterez, il n’y a pas de HUD (barre de vie) dans ce jeu. Il s’agit d’un pur “Die and retry” et je peux vous assurer que vous allez à y jouer à en devenir fou. Certes, notre brave dispose d’une large palette de mouvement mais l’input lag dans la jouabilité, les bugs de collisions ou d’IA viendront à bout de votre patience. Il ne s’agit pas réellement d’un jeu complexe mais plutot d’un jeu non exempt de défauts ou le joueur est puni systématiquement, y compris en cas d’erreur de la console.

Ceci est encore plus accentué par un système de sauvegarde totalement chaotique ou chaque sauvegarde génère la création d’un bloc sur votre carte mémoire. Donc si vous souhaitez sauvegarder 10 fois en une heure, cela sauvegardera 10 blocs. De plus, le jeu étant découpé en plateaux, il est fréquent de se retrouver à un niveau “inférieur” que vous aviez pourtant fini…

Ce sentiment de lourdeur, de répétitions est davantage accentué par la présence de deux “temples” qui correspondent un peu à des boss de fin de niveau. Il s’agit ici d’une multitude de niveaux, purement réflexion/plate forme, qui n’ajoutent aucun apport au scénario et viennent gonfler de manière artificielle la durée de vie. Les développeurs ont également ajouté un aspect “recherche” et sauvetages des mudokons. Il faudra, dans l’idéal, en sauver 100 mais la moitié sera nécessaire afin de débloquer une fin alternative plus “joyeuse”.

Le point de rupture

Face à une jouabilité éprouvante et hasardeuse, au gameplay bancal, aux situations ennuyantes et redondantes, bon nombre de joueurs risquent d’abandonner avant le terme. L’aspect répétitif des plateaux de réflexion sans aucun intérêt réel narratif vient plomber un univers et une franchise pourtant intéressante. C’est dommage.

L’intérêt réel du soft est la recherche des mudokons qui constituera une épreuve que les plus téméraires pourront tenter. Pour ma part, cette aventure fut fastidieuse, monotone et in fine, une réelle déception. A noter qu’une version “remasterisée” est sortie sur différentes plateforme sous l’intitulé “New ‘N’ Tasty” avec des graphismes, cette fois ci, à la hauteur des cinématiques. Après le magnifique Heart of darkness, nous ne pouvons rester que déçu de cet opus venu de Rupture farms.

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