Final Fantasy VII est très certainement l’épisode le plus connu et le plus plébiscité de la longue franchise de RPG créée par Squaresoft. Au fil des années, beaucoup de produits dérivés ont permis d’approfondir l’univers du jeu et de lever le mystère sur de nombreux points d’ombre du scénario. C’est ainsi qu’en 2008 sort sur PSP Crisis Core ; cette préquelle se concentre sur le personnage de Zack, qui joue un rôle crucial dans le jeu original même s’il n’y apparaissait que peu. Crisis Core est-il une simple opération commerciale pour exploiter le mythe Final Fantasy VII ? Ou bien le jeu réussit-il à étoffer de façon convaincante l’univers du jeu ? Réponse dans ce test.
Advent Children, le retour
Alors que l’on lance une nouvelle partie, l’on est tout de suite accueilli par une magnifique cinématique en images de synthèse qui n’est pas sans rappeler Advent Children, ce film qui narrait une histoire se déroulant deux ans après le jeu original. Il est très impressionnant de voir la PSP afficher de tels visuels, même si ce n’est que durant les cinématiques.
Durant le jeu, le bilan est loin d’être négatif. Les cinématiques réalisées avec le moteur même du jeu sont plutôt réussies même si l’on peut déplorer un léger aliasing. L’animation des personnages est correcte ; on regrettera en revanche que les différents environnements traversés se répètent tous plus ou moins : une grotte, une prairie, un laboratoire, un taudis… Soulignons par ailleurs les invocations, dont l’utilisation donne lieu à de splendides animations en haute définition, qui font honneur à la machine.
Le combat par la pensée
Crisis Core : Final Fantasy VII est un action-RPG. A ce titre, il propose des combats en temps réel, une montée de niveau, des magies, de l’argent, des magasins, des objets, ou des combats aléatoires. Il est à noter qu’il est possible d’équiper sur Zack de nombreux accessoires et armures qui ont la même fonction que dans les autres opus de la série Final Fantasy : ils confèrent à Zack des bonus de statistiques, l’immunisent à un statut particulier ou encore lui permettent de mieux résister à un certain élément magique.
Il est aussi possible d’équiper des matérias sur Zack ! Le joueur qui a apprécié FFVII ne sera pas dépaysé, puisque beaucoup de matérias sont récupérées du jeu original. Une fois équipée sur Zack, il est possible pendant un combat de sélectionner la matéria de son choix en appuyant sur L ou R, puis de l’utiliser. Les matérias magiques (de couleur verte) consomment des points de magie, comme à l’accoutumée ; en revanche, les matérias de commande (de couleur jaune) voient désormais leur utilisation régulée par des points d’action. Zack peut également effectuer une esquive ou une parade à tout moment ; ces deux actions consomment des points d’action elles aussi. Les combats sont ainsi particulièrement dynamiques, même si on pourra leur reprocher d’être assez répétitifs.
Un nouvel aspect concerne les fusions de matérias. Assez rapidement dans le jeu, il deviendra possible de fusionner les matérias que vous possédez déjà pour en créer de plus puissantes. Par exemple, en fusionnant deux matérias Brasier, vous pourrez obtenir une matéria Brasier +. Il s’agit là de la combinaison la plus élémentaire, mais il existe une myriade de fusions complexes permettant d’obtenir des matérias surpuissantes. Il n’est toutefois pas indispensable de maîtriser la fusion de matérias pour progresser sans encombre dans le jeu ; il s’agit plutôt d’un ajout intéressant pour les joueurs les plus créatifs.
Parlons à présent de l’élément qui rend le système de combat de ce Crisis Core absolument unique : l’OCN, ou Onde Cérébrale Numérique. Pour résumer, il s’agit d’une roulette qui symbolise les pensées de Zack. Cette roulette tourne en permanence durant les combats, sur la gauche de l’écran ; elle est composée de trois panneaux, chaque panneau faisant défiler les chiffres de 1 à 7 et les visages des différents personnages principaux. Lorsqu’au moins deux chiffres sont identiques, Zack peut obtenir des bonus en combat, comme une invincibilité temporaire aux attaques magiques ou une puissance accrue.
Lorsque deux visages sont identiques, l’OCN entre en « phase de modulation ». Durant cette phase, le dernier panneau tourne et lorsqu’il s’arrête, Zack obtient des bonus plus ou moins importants. Par exemple, si les trois panneaux se sont arrêtés sur un 7, Zack gagne un niveau (c’est le seul moyen de monter de niveau !). Lorsqu’au moins deux chiffres sont identiques à la fin de la phase de modulation, la matéria dont l’emplacement correspond au chiffre en double gagne un niveau. Par exemple, si la matéria Foudre est équipée en quatrième position sur Zack et qu’à la fin de la phase de modulation, le chiffre 4 est affiché par deux panneaux, la matéria Foudre progresse d’un niveau. Par ailleurs, elle aurait progressé de deux niveaux (sur un total de cinq) si le chiffre 4 avait été affiché sur les trois panneaux !
Rassurez-vous ; si vous avez l’impression que la progression de Zack et de ses matérias n’est basée que sur la chance pure et simple, vous vous trompez. Zack ainsi que ses matérias gagnent effectivement de l’expérience en battant des ennemis. L’OCN ne sert qu’à « concrétiser » cette montée en puissance. Sachez également que si les trois visages affichés sont identiques à la fin de la phase de modulation, Zack déclenche une limite très puissante dont la nature varie en fonction du visage qui est apparu en triple exemplaire. La probabilité que l’OCN déclenche une limite est symbolisée par une courbe qui représente la motivation de Zack ; cette motivation va du niveau « Faible » à « Astrale » et peut augmenter en battant beaucoup d’ennemis, en déclenchant beaucoup de phases de modulation, voire suite à certains évènements scénaristiques.
Il arrivera parfois que durant la phase de modulation, la roulette change de forme pour devenir une roulette d’invocation ; à ce moment-là, les invocations que vous aurez récupérées défileront et si la même invocation apparaît en triple exemplaire, elle sera déclenchée. Précisons pour conclure que pendant la phase de modulation, des vidéos ou des images narrant des moments forts du jeu peuvent apparaître ; celles-ci représentent les souvenirs de Zack et permettent d’augmenter la probabilité de réaliser une limite.
Un pourcentage qui augmente bien péniblement…
L’aventure principale, divisée en dix chapitres, est particulièrement courte ; comptez tout juste une douzaine d’heures pour en venir à bout, ce qui est très réduit pour un jeu du genre. En revanche, le jeu propose de nombreuses missions annexes à la fin desquelles il est possible d’obtenir des équipements et matérias puissants, ainsi que de nouvelles invocations. Il est possible d’accéder à ces missions par le biais d’un menu accessible à chaque point de sauvegarde. Crisis Core propose ainsi près de trois cent missions différentes, qui se débloquent en progressant dans l’histoire ou en complétant les missions au fur et à mesure.
Si l’initiative est louable, l’exécution est plus discutable ; en effet, ces missions se résument toujours à la même tâche, à savoir progresser dans un environnement pseudo-labyrinthique (les embranchements étant en réalité très peu nombreux) en abattant les ennemis qui apparaissent et en ouvrant les éventuels coffres à trésor pour atteindre un boss qu’il faudra terrasser. Certaines sont encore plus simplistes, puisqu’il s’agit de détruire un maximum d’ennemis dans une arène fermée… Les missions ne se renouvellent donc jamais et la lassitude risque de s’installer rapidement. Cet état de fait est d’autant plus dommage que certaines de ces missions offrent un challenge bien plus relevé que l’aventure principale, permettant de combattre des boss optionnels particulièrement puissants.
J’ai déjà entendu ça quelque part…
La plupart des pistes entendues sont des reprises (par ailleurs fort réussies) des thèmes les plus célèbres de Final Fantasy VII. C’est ainsi que le fan sera heureux d’entendre le thème d’Aeris, le thème des boss, ou encore le légendaire One-Winged Angel arrangés de façon très convaincante. Le jeu joue ouvertement la carte de la nostalgie sur le plan auditif, et il faut bien avouer que ça fonctionne.
Du côté des musiques inédites, le bilan est un peu moins glorieux puisque les thèmes de combat et des différentes régions visitées sont particulièrement insipides. Cela n’empêche toutefois pas à quelques morceaux de se faire remarquer, comme le superbe thème principal du jeu, The Price of Freedom. Le doublage est quant à lui correct et correspond convenablement à chaque personnage rencontré.
La pièce de théâtre inachevée
Il semble raisonnable de dire que ce qui pourrait le plus motiver quelqu’un à jouer à Crisis Core est son scénario. Le jeu offre en effet l’occasion de lever le mystère sur un personnage éminemment important mais peu développé dans le jeu principal, à savoir Zack, le mentor de Cloud. Cette préquelle réussit-elle à apporter des réponses satisfaisantes aux interrogations des joueurs ?
Force est de répondre par l’affirmative. Crisis Core éclaire superbement tous les points qui pouvaient sembler obscurs dans Final Fantasy VII, tels que la rencontre entre Zack et Cloud ou le passé de Sephiroth. Chaque réponse est distillée au fil de l’aventure, si bien que le joueur n’a à aucun moment l’impression qu’on lui fournit une explication maladroite ou bâclée.
Mais au-delà de ce statut de « jeu à réponses », Crisis Core frappe un grand coup en développant une histoire travaillée et des personnages marquants. Le titre est l’occasion de redécouvrir les protagonistes que l’on a pu connaître sur la première Playstation sous un angle tout à fait différent ; Sephiroth apparaît bien plus humain, Aeris bien plus courageuse et Cloud est ici un être fragile, encore inexpérimenté et innocent. Tseng, chef des Turks, qui s’opposait aux héros dans Final Fantasy VII, est ici un allié de Zack qui n’hésite pas à faire preuve de compassion. Les protagonistes qui font leur apparition dans cet opus, tel qu’Angeal (mentor de Zack), Cissnei (membre des Turks) ou encore Lazard (président de la Shinra) sont tous très bien campés et ne déméritent pas. Seul Génésis, l’antagoniste principal, semble un peu hors de propos et fait pâle figure face à Sephiroth ou Angeal.
Un autre point très intéressant est l’évolution de Zack. Alors qu’il n’est au début du jeu qu’un soldat de deuxième classe encore naïf et impétueux, constamment rappelé à l’ordre par Angeal, il se transforme progressivement en un soldat de première classe bien plus sombre et mûr, pour qui le devoir passe avant tout. Sa métamorphose est menée d’une main de maître et trouve son apothéose dans la fin du jeu, absolument déchirante.
C’est l’heure de rendre les copies !
Graphismes : Une réalisation de haute volée qui déçoit uniquement par un léger aliasing et un level design bien peu inspiré. Les cinématiques en images de synthèse sont un vrai régal et permettent de s’immerger pleinement dans les moments cruciaux de la narration ou de saliver d’aise face aux différentes invocations.
Jouabilité : Le système de combat est dynamique quoiqu’un tantinet répétitif après un certain temps. Les matérias sont de retour pour notre plus grand plaisir, et voient leur utilisation enrichie par l’ajout du système de fusion de matérias. Enfin, l’OCN ajoute une dimension supplémentaire aux affrontements, qui deviennent ainsi très imprévisibles et pleins de surprises.
Durée de vie : C’est probablement de ce côté que le bât blesse le plus. Comptez une douzaine d’heures pour venir à bout des dix chapitres de l’histoire principale. C’est peu, surtout tenu compte du fait que les très nombreuses missions proposées par le titre sont d’une répétitivité et d’une linéarité terrifiantes. La difficulté est relativement faible, a fortiori pour ceux qui auront la patience de réaliser beaucoup de missions pour grappiller de l’expérience.
Bande-son : Oscillant entre reprises de thèmes cultes de FFVII et morceaux inédits, la bande-son saura charmer le fan nostalgique sans aucun problème. Dommage en revanche que les thèmes de combat ou d’exploration soient si insipides ; on se consolera avec des morceaux originaux réussis, tels The Price of Freedom.
Scénario : Loin d’être un simple complément à l’histoire de Final Fantasy VII, Crisis Core se paye le luxe d’un script prenant et de personnages très travaillés. Que ce soient d’anciens personnages redécouverts sous un jour totalement nouveau (Sephiroth, Aeris, Cloud, Tseng) ou de nouveaux protagonistes à la personnalité attachante (Angeal, Lazard), tous sont très bien campés et laissent un souvenir durable au joueur. Mention spéciale à Zack, dont l’évolution est superbement mise en scène pour atteindre son paroxysme dans un final d’anthologie.
Conclusion : Crisis Core : Final Fantasy VII frappe là où on ne l’attendait pas et se révèle être une très bonne surprise. Loin de n’être qu’un pur produit marketing, le jeu recèle un système de combat original, une réalisation flamboyante et un scénario très bien mené. On regrettera en revanche une extrême linéarité, des missions très répétitives, ainsi qu’une durée de vie et une difficulté faiblardes. Dans l’ensemble, il s’agit donc d’un bon titre mais comportant toutefois plusieurs errances.