La Nintendo DS a révolutionné le petit monde vidéoludique en proposant pour la première fois un écran tactile. Cette innovation allait permettre l’apparition d’un foisonnement de jeux novateurs et intelligents exploitant avec talent cette toute nouvelle fonctionnalité. Sorti en 2007 dans nos vertes contrées, Elite Beat Agents est sans aucun doute l’un de ces titres. Qu’est-ce qui fait de ce jeu un soft véritablement original ? Peut-on le considérer comme un indispensable de la machine ? Réponse dans ce test.
Sur les pom-pom girls, tu ne fantasmeras point
Le jeu propose un style graphique assez délirant collant à l’ambiance générale du jeu. Durant les phases de gameplay, il est ainsi possible de voir les agents secrets que contrôle le joueur se trémousser à l’écran pour reproduire une chorégraphie totalement farfelue ; il ne faut ainsi pas vous étonner si vous voyez trois individus, le smoking impeccablement repassé et le micro à la main, réaliser moult sauts et grands écarts au rythme endiablé de la musique !
De même, les différentes histoires narrées au cours du jeu sont détaillées durant une cinématique introductive diffusée avant chaque partie. Ces historiettes sont réalisées dans un style rappelant la bande dessinée américaine : les personnages stéréotypés et le découpage en cases conviennent particulièrement au semblant de narration farfelue proposé. Ce style graphique emprunte également aux mangas, avec des expressions faciales exagérées rappelant les œuvres nippones. Ainsi, si le scénario n’a pas grande importance, les graphismes permettent de rendre l’ensemble particulièrement vivant et d’amuser le joueur.
La roue, ou comment faire souffrir ton poignet
Le gameplay de cet Elite Beat Agents est donc, comme cela était précisé dans l’introduction, particulièrement novateur. Se voulant le successeur spirituel d’un jeu de rythme sorti deux ans plus tôt sur l’archipel nippon (répondant au doux nom d’Osu ! Tatakae ! Ouendan !), le titre vous met aux commandes d’une escouade d’agents secrets chargée d’aider les gens à reprendre confiance en eux grâce au pouvoir de la musique et à des chorégraphies complètement surréalistes !
Comment cela se traduit-il dans les faits ? Pendant que la musique joue, des pastilles numérotées apparaissent à l’écran. Ces pastilles sont entourées de cercles se rapprochant d’elles au fur et à mesure. Une fois le cercle aligné sur la circonférence de la pastille, le joueur doit toucher cette pastille à l’aide de son stylet pour réussir la chorégraphie correspondante. Si vous touchez la pastille alors que le cercle est parfaitement aligné, vous obtenez 300 points ; si vous avez un peu de retard ou d’avance, vous en obtenez 100 ; si vous avez beaucoup de retard ou d’avance, vous en obtenez 50 ; si vous n’êtes pas dans le rythme, vous n’obtenez aucun point. Il est important de toucher les pastilles dans l’ordre de leurs numéros respectifs dans le but de réussir un enchaînement ; si chaque pastille est touchée en rythme, il est possible d’obtenir un bonus de points à la fin de l’enchaînement. De plus, en certaines occasions, un tube apparaît à côté d’une pastille ; il faut alors faire glisser son stylet le long de ce tube avec un rythme précis afin d’obtenir un maximum de points. Parfois, une roue peut apparaître ; le joueur doit alors la faire tourner le plus vite possible pour remplir une jauge.
Chaque fois que vous réussissez un mouvement (toucher une pastille, suivre un tube, faire tourner la roue, réaliser un enchaînement), vous gagnez des points et votre indicateur de combo augmente : plus celui-ci est élevée, plus le nombre de points amassés est important. Notez que si vous commettez la moindre erreur, l’indicateur de combo retombe à zéro et il devient alors bien plus difficile de faire grimper son score. Le jeu propose également un système de jauge d’énergie ; ainsi, lorsque vous commettez des erreurs, celle-ci diminue. Prenez garde, car une fois arrivée à zéro, c’est le game over ; toutefois, il est possible de faire remonter cette jauge en réalisant des combos parfaits.
Chaque mission est divisée en plusieurs actes ; à la fin de chaque acte, une petite cinématique montre au joueur sa progression. Si la jauge de vie des agents a diminué de plus de 50 %, la progression sera négative ; si elle est supérieure à cette valeur, la progression sera positive. Cet aspect influe directement sur la réussite de chaque partie ; en effet, si vous terminez une mission en ayant obtenu au moins une cinématique négative, la conclusion de l’histoire ne sera qu’à moitié joyeuse. On citera par exemple ce film qui n’obtiendra qu’un article élogieux dans le journal au lieu d’un Oscar, ou cette comédienne qui se produira sur une scène de quartier au lieu d’un grand théâtre… Pour obtenir la meilleure conclusion de chaque mission, il est donc essentiel de finir chaque histoire en obtenant uniquement des cinématiques positives.
A la fin de chaque partie, le jeu vous gratifie d’un rang allant de D à S. Le rang D signifiera ainsi que vous avez commis beaucoup d’erreurs, n’avez obtenu que des cinématiques négatives et êtes passé près du game over. A l’inverse, le rang S nécessite de n’avoir commis aucune erreur, et d’avoir obtenu le maximum de points sur au moins 90 % des pastilles ! Obtenir un rang S peut donc se révéler un véritable défi, notamment sur les dernières missions du jeu et dans les derniers modes de difficulté. On notera enfin qu’il est possible de sauvegarder ses performances en vidéo afin de revoir ses meilleures chorégraphies à l’envi.
Seuls les dieux du groove triompheront du quatrième mode
Le jeu propose un mode Solo et un mode Multijoueur. Le mode Solo est divisé en quinze missions plus trois missions secrètes (nous y reviendrons), chaque mission correspondant à une chanson différente. Au fur et à mesure que vous réussissez les différentes missions proposées, de nouvelles se débloquent.
Lors de votre première partie dans le mode Solo, seuls deux des quatre modes de difficulté sont disponibles : Facile et Normal. Si le mode Facile permet de se faire la main sans trop de problèmes, le mode Normal demande déjà plus de réflexes et il vous sera sûrement difficile de venir à bout des dernières chansons. Une fois ces deux modes complétés, vous débloquez un mode Difficile qui se révèlera probablement très éprouvant, puisqu’il marque une profonde rupture avec le mode Normal. Enfin, en venant à bout du mode Difficile, le mode Hard Rock devient disponible, ne vous mettant plus aux commandes d’agents secrets mais de pom-pom girls. Dans ce mode, la chorégraphie est très complexe, beaucoup plus rapide, et comme si cela ne suffisait pas, la taille des pastilles est diminuée de moitié, ce qui exige une précision quasi-chirurgicale ! Ce quatrième mode est véritablement difficile à compléter et exigera beaucoup de patience et d’entraînement. Vous l’aurez donc compris, si la prise en main du titre est aisée, Elite Beat Agents propose un challenge relevé que seuls les plus motivés pourront relever.
Il est également à souligner que lorsque le cumul des points obtenus sur l’ensemble des missions dépasse une certaine valeur, votre rang augmente. Dix rangs peuvent ainsi être obtenus, de « Novice » à « Disco Machine » en passant par « Agent Légendaire » ou « Commandant Cinq Etoiles ». Lorsque vous atteignez certains rangs, des missions secrètes se débloquent. Au nombre de trois, ces missions secrètes prolongent la durée de vie du jeu, puisque le joueur est poussé à revenir au titre pour constamment améliorer son score sur chaque chanson et ainsi accéder au rang supérieur. De plus, même si vous parvenez à atteindre le dixième rang, à finir tous les modes de difficulté, voire pour les plus persévérants à obtenir un rang S sur chaque chanson, Elite Beat Agents reste un titre idéal pour quelques parties courtes ou pour tuer le temps. Prenez toutefois garde : pour peu que vous vous y investissiez, le soft saura vous occuper des semaines durant…
Le mode Multijoueur est quant à lui plutôt réussi : dans ce mode, deux joueurs peuvent s’affronter pour tenter de réaliser la meilleure chorégraphie. Dans ce mode, le joueur ayant l’avantage durant la partie peut lancer des attaques spéciales contre l’adversaire, comme par exemple rétrécir ses pastilles jusqu’à les rendre quasiment indiscernables afin de l’amener presque immanquablement à commettre des erreurs. Ici, point de score : vos performances influent sur une jauge qui croît ou décroît. Les attaques spéciales ne peuvent être lancées qu’après que la jauge ait été complètement remplie. A la fin de l’affrontement, le joueur ayant la jauge la plus remplie gagne ; ainsi, les duels sont souvent serrés jusqu’au bout, puisque le niveau d’une jauge peut très rapidement fluctuer et la situation basculer du tout au tout.
Les agents ne font pas que danser, ils savent aussi crier !
Comme vous l’aurez compris, Elite Beat Agents est un jeu de rythme ; la bande-son y tient donc une place prépondérante. Le titre propose ainsi dix-huit pistes sur lesquelles nos hommes en noir pourront se trémousser ; assez éclectique, on trouve dans cette bande-son des artistes aussi variés que Jamiroquai (avec Canned Heat), Avril Lavigne (avec Sk8ter Boy), les Rolling Stones (avec Jumpin’ Jack Flash) ou encore le groupe Earth, Wind and Fire (et leur fameux September). Du rock à la pop, la bande-son se veut donc diversifiée et il est impressionnant de voir à quel point la qualité d’écoute proposée par la Nintendo DS est élevée. Soulignons également que ces morceaux sont des reprises et ne constituent pas les versions originales.
En ce qui concerne les bruitages, ceux-ci sont assez délirants et correspondent à l’esprit du soft : chaque fois que vous frappez une pastille, un son rappelant un bruit de cymbales se fait entendre, donnant à l’ensemble un certain dynamisme puisque la chanson entendue est constamment ponctuée de ces battements. De plus, les personnages incarnés par le joueur ne se privent pas pour crier durant leur chorégraphie, afin de rendre leurs mouvements plus vivants. La combinaison de la chorégraphie démentielle et des cris endiablés donne ainsi un dynamisme hors du commun à l’ensemble et fait d’Elite Beat Agents un titre particulièrement gai et pêchu.
Tuer des zombies avec un pistolet à cacahuètes ? Avec plaisir !
Avant chaque mission, une cinématique d’introduction nous présente un ou plusieurs personnages faisant face à une situation délicate qui est, dans la plupart des cas, totalement déjantée. Un chien perdu qui veut tout mettre en œuvre pour regagner son domicile, un ancien magnat du pétrole ruiné qui souhaite rebâtir sa fortune, deux starlettes échouées sur une île déserte, ou même un envahisseur extraterrestre que l’humanité doit combattre grâce à la musique sont quelques-uns des protagonistes mis en scène ; les scénarii proposés sont donc dans l’ensemble délirants et correspondent à la perfection à l’ambiance gentiment stupide du titre.
De même, les différentes cinématiques visibles au fur et à mesure de la progression d’une mission sont teintées d’un humour assez enfantin ; elles parviennent parfois même à faire rire jaune le joueur, lorsque celui-ci obtient une cinématique intermédiaire négative ou bien perd la partie. Les erreurs et les échecs des personnages sont alors mis en scène de façon comique ; ainsi, même lors des game over, le jeu ne se départit pas de son humour.
C’est l’heure de rendre les copies !
Graphismes : Très corrects pour la Nintendo DS, les graphismes proposent des petites bandes dessinées très amusantes afin de narrer les différentes histoires vécues, et également une 3D plutôt réussie pour modéliser les agents. La chorégraphie de ces derniers est d’ailleurs tout à fait délirante et c’est un réel régal que de voir ces hommes en smoking se déhancher avec frénésie.
Jouabilité : Essentiellement basé sur les réflexes du joueur, le gameplay d’Elite Beat Agents est très dynamique et tire parti des fonctionnalités tactiles de la console avec brio. Si le jeu propose une courbe de progression élevée avec une difficulté très forte dans les dernières missions, la jouabilité est pourtant très simple à prendre en main et assure un amusement immédiat. On regrettera peut-être l’aspect try and die que peut parfois prendre le jeu, obligeant le joueur à s’entraîner longtemps avant de maîtriser une chanson.
Durée de vie : Les quatre modes de difficulté sauront vous tenir en haleine et risquent bien de vous demander de longues heures de patience et d’entraînement pour en venir à bout. Si les aficionados du high-score se prendront au jeu et tenteront d’obtenir un rang S sur chaque chanson ou encore de parvenir à obtenir le rang suprême, sacrifiant par là même beaucoup de temps, les moins motivés risquent de trouver l’ensemble un peu juste. On notera également la présence d’un mode deux joueurs convivial.
Bande-son : Proposant près d’une vingtaine de titres, la bande-son se révèle assez éclectique avec des titres allant de la pop au punk rock en passant par le hard rock ou encore la disco. Il est évident que l’on ne peut ne pas apprécier les genres musicaux représentés, mais force est de reconnaître que la Nintendo DS offre une qualité d’écoute remarquable. Les bruitages sont quant à eux très pêchus et correspondent à l’ambiance délirante du soft.
Scénario : Le titre propose avant chaque mission une petite histoire qui ne sert que de prétexte à la mise en place du gameplay. Ces petites cinématiques sont toutefois très humoristiques et mettent en scène des personnages ainsi que des situations outrageusement délirantes et rocambolesques, convenant parfaitement à l’atmosphère déjantée d’Elite Beat Agents.
Conclusion : Véritable OVNI vidéoludique, Elite Beat Agents se révèle diablement accrocheur. Sa présentation particulièrement originale, son ambiance totalement délirante, sa bande-son de qualité et surtout son gameplay simple mais à la fois terriblement efficace en font sans aucun conteste un must have de la console. Seules une difficulté parfois insoutenable et une durée de vie assez limitée pour peu que l’on n’adhère pas au concept viennent noircir le tableau ; toutefois, l’ensemble est suffisamment frais et dynamique pour offrir une expérience fort agréable.